mercredi, décembre 28, 2005

1916: le Sopwith Triplan - 1/72

kit: Revell n°H-44 - Sopwith Triplane - 1/72
Historique:
Pour remplacer le Sopwith Pup, les bureaux d’étude Sopwith décidèrent, au début de l’année 1916, de construire un chasseur au profil révolutionnaire pour l’époque: un triplan.
Le but de cette configuration en triplan était initialement d’améliorer la visibilité du pilote. Une aile centrale fut ainsi placée au niveau des yeux du pilote, obstrurant ainsi très peu de sa vue, la corde (la largeur) des ailes fut aussi réduite ce qui permettait d’offrir, y compris à travers les ailes supérieure et inférieure, plus de champ de vision que sur un biplan. Enfin, comparativement à ce dernier, la surface alaire était conservée par la présence d’une aile supplémentaire.
Un des résultats étonnant et inattendu de cette conception fut l’extraordinaire manœuvrabilité du Sopwith Triplan. La réduction de la corde des ailes avait en effet une incidence sur les propriétés aérodynamiques de l’appareil (portance et traînée élevées, envergure limitée), ce qui permit de conserver un fuselage court et d’obtenir des capacités d’ascension et de virage exceptionnelles.
C’est ainsi que le premier prototype du triplan, le "N.500", arriva en France à la mi-juin 1916 pour y être évalué par la flottille britanique de chasse "A" basée à Furnes. Son succès fut immédiat et on ne perdit pas de temps à l’examiner avant de l’envoyer au combat: un quart d’heure après son arrivée à Furnes, il lui fut en effet confié une mission d’interception.
Seul le Royal Navy Aviation Service ("l’aéronavale britanique") devait finalement utiliser l’avion en opération. En février 1917, le Royal Flying Corps ("l’armée de l’air"), qui avait lui aussi commandé des Triplans, accepta de les échanger, avec le R.N.A.S., contre 60 Spad VII. Ces derniers vinrent compléter les 60 Spad VII déjà utilisés par le Corps.
Il est maintenant difficile de réaliser l’aspect révolutionnaire du triplan pour l’époque. Rien de tel n’avait jamais été construit à des fins militaires et la meilleure façon d’apréhender à quel point son succès fut important est de voir la profusion de chasseurs triplans allemands ou autrichiens apparue après la mise en service du Sopwith Triplan.
L'Aviation Maritime française utilisa quant à elle 16 Sopwith Triplan. Equipés du moteur Clerget 9B de 130 cv et de mitrailleuses Vickers, ils furent commandés par l'Amirauté en 1916, dans le but de renforcer l'escadrille de chasse terrestre du Centre d’Aviation Maritime de Dunkerque. Les dix premiers exemplaires furent livrés entre décembre 1916 et février 1917. Un second lot de six appareils fut livré en juin 1917. Etant un avion délicat et dangereux (six appareils s'écrasèrent au sol) et des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées étant apparu, la petite flotte fut peu à peu remplacée par des SPAD VII.
Envergure : 8,08 m soit au 1/72 : 11,22 cm
Longueur : 5,74 m " " " " " " " " " " 7,97 cm
Surface portante : 21,4 m2
Equipage : 1
Masse : 450 kg
Vitesse: 187 km/h
Le kit:
Dans les années 70-80, Revell a produit ce Sopwith Triplan sous deux références, la "H-44" et la "H-75". La différence entre les deux options réside uniquement dans le choix des décalques.
Si la première vous permet en effet de "seulement" monter le prototype N.500 ou un Sopwith Triplane générique, la seconde vous offre, en plus, la possibilité d’obtenir le "Peggy" du Royal Flying Corps Squadron n°1 ou le "Black Maria" de l’as britanique Raymond Collishaw. Bien que je ne l’ai pas vu moi-même, il existerait un troisième conditionnement spécifique au Royaume-Uni avec l’appareil de Collishaw pour seule décoration.
Notre boite, au couvercle 18 x 11,5 x 4,5 cm, est elle référencée sous le numéro H-44.
La maquette nous est proposée sous la forme de deux grappes en plastique injecté de couleur beige contenues dans un sachet de plastique fermé. Il s’agit d’un modèle simple composé de 26 pièces, dont les dimensions sont, au millimètre près, correctes. Au montage, nous utiliserons seulement vingt-cinq de ces pièces; les deux modèles d’empennage rencontrés sur le Sopwith Triplan nous sont en effet fournis.
Le prototype et les avions du début de série avaient effectivement des stabilisateurs horizontaux et des gouvernes de profondeur plus grands que ceux de fin de série. A ce sujet, les appareils utilisés au C.A.M. de Dunkerque auraient été dotés des empennages à la surface la plus importante.
Comme vous pouvez le voir sur la photo, il y a des bavures quasiment sur toutes celles-ci. Ces bavures peuvent heureusement être enlevées sans effort et les bords de fuite restent néanmoins assez fins. On notera également quelques petites marques de points d’injection sur les ailes - quatre sur l’intrados de l’aile supérieure, quatre sur l’extrados de l’aile centrale et deux sur l’extrados de l’aile inférieure - qu’il vous faudra poncer et/ou mastiquer.
A mon avis, les ailes et le fuselage souffrent d’une représentation du revêtement un peu trop appuyée à cette échelle, typique des kits de cette époque. Si cela vous gène vraiment, il vous faudra les poncer très soigneusement ou les peindre au pinceau pour effacer ce grain de surface sans abimer les délicates nervures.
Mes seules réserves sur ce kit concerneront le niveau de détaillage. Certes la maquette est apparue dans les années 60, mais, pour un résultat satisfaisant, il vous faudra quand même aménager totalement le cockpit, pour lequel seuls un pilote et un siège de facture moyenne vous sont fournis, remplacer la mitrailleuse Vickers un peu trop basique, affiner le train d’atterrissage et finalement remplacer le moteur Clerget de 110 cv par un Clerget 9B en canibalisant une fois de plus celui du Sopwith Strutter de chez Flashback par exemple.
Pour finir, vous remarquerez que la béquille de queue est très fragile. En prévision de ces nombreuses modifications, je vous conseille de la protéger préalablement à toute manipulation.

Les instructions:
Paradoxalement, la boite de kit contient deux notices. La première est celle de la référence H-75. Sur une feuille A3 imprimée recto-verso, il y a d’un côté l’historique, la présentation des 3 décorations de cette référence et le détail par écrit des opérations de montage en allemand ! Le shéma de montage en trois phases, les différentes vues pour la pose des décalques et la mise en peinture sont imprimés sur l’autre face.
La seconde correspond donc à notre référence, la H-44, et reprend le shéma de montage ainsi que le plan 3-vues pour l’unique décoration proposée. Ce modèle ayant sans doute été destiné à l’export, on y trouve la traduction en français des principales opérations. Vu la simplicité de la maquette, ces instructions suffisent largement.

La décoration:
Les décalques fournis dans ma boite ont plus de 25 ans. Ils sont épais, ont une texture irrégulière et ont jaunis. Pour les irréductibles, ils permettront de réaliser au choix: soit le prototype N.500 essayé en France en juin 1916, soit un Sopwith Triplane générique.
Le premier était entièrement de couleur beige "toile enduite" (doped linen) alors que le second aurait, à l’instar de la majorité des biplans anglais durant la 1ère G.M., les surfaces inférieures beige "toile enduite" et les parties supérieures d’un vert standard "PC-10". Les flancs et le capot moteur n’étaient généralement pas peints et les mats d’entretoises, l’hélice et le cockpit étaient laissés en bois vernis.
Les appareils du C.A.M. de Dunkerque présents à Saint-Pol-sur-Mer portaient également cette livrée bicolore avec des flasques de roues beiges. Pour le reste et si votre planche de décalques vous le permet, laissez la dérive en beige et ajoutez-y les marquages d’usine Sopwith. Trouvez ensuite quatre cocardes de12,5 mm pour les ailes et deux de 7,5 mm pour les flancs de fuselage. Il ne vous reste plus qu’à récupérer un chiffre blanc en trois exemplaires sur une planche générique pour l’apposer sur le fuselage.
Conclusion:
En attendant son éventuelle réédition, voici un modèle bien sympathique. Comme tous les multiplans, il n’est pas vraiment à recommander aux débutants mais avec un gabarit de montage et de la minutie, cet avion juste et bien conçu fera merveille sur toutes les étagères.